Avec la crise entre l’Europe et la Russie au sujet de l’occupation de l’Ukraine, les Européens se sont vus contraints de trouver des alternatives pour compenser le manque d’approvisionnement en gaz que la Russie assurait à l’Union européenne. L’annonce par l’Algérie, le 1er janvier 2023, qu’elle avait livré 2 milliards de mètres cubes à l’Europe a été bien accueillie par ceux qui recherchaient un remède à la pénurie des approvisionnements russes.
Depuis mai 2020, l’Union européenne a mis en œuvre un plan intitulé « REPowerEU » afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles fournis par la Russie. Le récent accord passé avec l’Algérie est un pas important vers cet objectif et montre que ces mesures ont porté leurs fruits.
Quelle est la situation actuelle ?
La présidente de la Commission européenne , Ursula von der Leyen , s’est montrée optimiste le 15 décembre 2020 devant le Parlement européen en affirmant que « l’Europe ne manquera pas de gaz ». Elle a souligné les mesures adoptées pour remplacer le gaz russe : diversification des sources d’approvisionnement, économies d’énergie et achats groupés de gaz. Bien que ces mesures semblent avoir eu un impact positif, il est encore trop tôt pour dire si elles permettront à l’Europe de passer l’hiver sans pénurie.
Le principal but de REpowerEU est de réduire la consommation de gaz de l’Union européenne de 15 % durant la période allant du mois d’août à celui de novembre. Les chiffres publiés par Eurostat indiquent que cet objectif a été largement dépassé avec une diminution de 20,1 %.
Bien que cela soit une bonne nouvelle, les experts craignent que ces gains ne soient que temporaires. Par conséquent, il reste encore beaucoup à faire pour assurer l’autonomie de l’Europe vis-à-vis de la Russie en termes de gaz. C’est là que l’Algérie entre en jeu.
Comment l’Algérie peut-elle aider ?
L’Algérie dispose d’importantes réserves de gaz naturel et elle fournit actuellement 11 % des importations de gaz de l’UE. Sonatrach, la compagnie nationale algérienne de l’industrie et du commerce des hydrocarbures, est un fournisseur fiable pour le marché européen et est disposé à soutenir ses partenaires à long terme en cas de situations difficiles.
Sonatrach exploite le gazoduc Transmed qui peut transporter jusqu’à 32 milliards de mètres cubes de gaz par an ; c’est quatre fois plus que le gazoduc Medgaz qui fournit l’Espagne. Grâce à ce gazoduc, l’Algérie peut exporter jusqu’à 22 milliards de mètres cubes de gaz chaque année, ce qui laisse une capacité de 10 milliards de mètres cubes supplémentaires.
En outre, Sonatrach possède trois unités de liquéfaction de gaz qui sont exploitées à seulement 50 à 60 % de leurs capacités totales. Ainsi, l’Algérie peut fournir des livraisons supplémentaires d’hydrocarbures à l’UE sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), grâce à son excellente infrastructure de transport maritime.
Vers une augmentation des exportations algériennes
Les efforts déployés par l’Algérie pour augmenter sa production et ses exportations sont clairement visibles. Dans le cadre d’un accord signé le 4 janvier 2023 avec l’Italie, l’Algérie a convenu d’augmenter ses livraisons de gaz à ce pays, qui cherche à réduire sa dépendance de l’approvisionnement russe.
De plus, l’Algérie a annoncé le 1er janvier 2023 avoir livré 2 milliards de mètre cubes à l’Europe, ce qui représente un volume significativement plus important que celui livré aux États-Unis ou à l’Asie, et qui confirme son engagement à aider l’UE à remplacer ses approvisionnements russes.
Cependant, même avec tous ces efforts, l’Algérie ne pourra pas à elle seule compenser entièrement la baisse des approvisionnements russes. Selon Abdelmajid Attar, ancien ministre algérien de l’Energie, l’Algérie pourrait fournir à l’UE deux ou trois milliards de mètres cubes de plus en 2023.
Il est clair que le retrait du marché du gaz russe a ouvert des opportunités pour les autres pays producteurs d’hydrocarbures. L’Algérie offre l’une des meilleures solutions à court terme pour compenser le manque d’approvisionnement en gaz dont souffre l’Europe depuis la crise entre cette dernière et la Russie.
Grâce à sa puissante infrastructure de transport maritime et à ses réserves considérables de GNL, l’Algérie peut fournir des volumes importants à l’UE qui pourraient réellement aider à combler le vide laissé par les importations russes. Les récents accords passés avec l’Italie et l’Europe sont des preuves tangibles de cela.
Sources
- https://www.lepoint.fr/dossiers/hors-serie/energie-petrole-nucleaire-renouvelables-geopolitique/ces-pays-gaziers-qui-tirent-leur-epingle-du-jeu-22-11-2022-2498788_4637.php
- https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/vrai-ou-fake-crise-de-l-energie-l-europe-est-elle-a-l-abri-d-une-penurie-de-gaz-cet-hiver-comme-l-affirme-ursula-von-der-leyen_5556876.html
- https://information.tv5monde.com/info/energie-l-algerie-prete-fournir-plus-de-gaz-l-ue-en-cas-de-difficultes-446607
- https://www.connaissancedesenergies.org/afp/algerie-des-reserves-gazieres-mais-des-capacites-dexportation-presque-saturees-220412