Le 31 octobre 1961, au cœur d’une Algérie en pleine guerre d’indépendance, un drame frappe Alger.
Le commissaire Louis Pélissier est assassiné par un commando de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), un groupe extrémiste opposé à la fin de la présence française en Algérie.
Cet épisode, souvent méconnu du grand public, illustre la tension extrême et la fragmentation d’une société déchirée entre fidélité coloniale et aspiration à la liberté.
Un pays au bord de la rupture : l’Algérie en 1961, entre guerre et désillusion
En 1961, la guerre d’Algérie dure depuis plus de sept ans.
Le FLN (Front de Libération Nationale) mène un combat acharné pour obtenir l’indépendance, tandis qu’une partie des Européens d’Algérie les « pieds-noirs » refuse catégoriquement l’idée d’une rupture avec la France.
C’est dans ce climat explosif qu’apparaît l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), un mouvement clandestin formé en février 1961 par d’anciens militaires et colons déterminés à maintenir l’Algérie française à tout prix.
- Leur mot d’ordre : « L’Algérie est française et le restera ».
- Leur méthode : la terreur.
- Attentats, sabotages, exécutions ciblées… L’OAS plonge les grandes villes algériennes dans un climat d’insécurité permanente.
Louis Pélissier, commissaire respecté et connu pour sa droiture, tente de maintenir l’ordre dans un contexte où l’autorité de l’État vacille.
Ses prises de position contre la violence et son refus de se ranger du côté des extrémistes font de lui une cible toute désignée.
Le 31 octobre 1961 : un attentat froidement exécuté à Alger
En cette fin d’après-midi d’octobre, Pélissier quitte son commissariat d’Alger pour regagner son domicile. Deux hommes sur une moto s’approchent et ouvrent le feu à bout portant. Le commissaire s’effondre, mortellement touché.
Quelques heures plus tard, un communiqué revendiqué par l’OAS confirme ce que tout le monde redoute le mouvement a décidé d’éliminer ceux qu’il considère comme des « traîtres » à la cause de l’Algérie française.
André, 45 ans, ancien fonctionnaire à Alger
Cet assassinat n’est pas un simple fait divers il révèle que la guerre d’Algérie ne se limite plus à l’affrontement entre le FLN et l’armée française. Elle devient une guerre interne, franco-française, où chaque camp s’entre-déchire.
La mort du commissaire Louis Pélissier symbolise cette fracture profonde au sein même du camp français, entre les partisans d’une issue politique et les défenseurs fanatiques du statu quo colonial.
Héritage d’une tragédie et leçons d’histoire pour l’Algérie d’aujourd’hui
Plus de soixante ans après les faits, l’assassinat de Louis Pélissier demeure un épisode sombre mais essentiel de la mémoire franco-algérienne.
Il rappelle à quel point la fin de la colonisation fut un processus douloureux, marqué par la peur, la haine et la confusion.
Ce drame symbolise aussi l’échec du dialogue à une époque où la violence prenait le pas sur la raison.
Aujourd’hui encore, alors que l’Algérie et la France cherchent à apaiser leur mémoire commune, revenir sur des épisodes comme celui-ci permet de comprendre les blessures toujours sensibles laissées par la guerre.









