Une date charnière dans l’histoire du nationalisme algérien
Le 5 novembre 1954 marque un basculement majeur dans l’histoire de l’Algérie. Ce jour-là, les autorités françaises décident de dissoudre le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD), principal parti nationaliste dirigé par Messali Hadj.
Ce mouvement, héritier du Parti du Peuple Algérien (PPA), incarnait depuis des années l’espoir d’une indépendance obtenue par des moyens politiques et pacifiques.
Mais cette dissolution, prononcée seulement quelques jours après le déclenchement des attaques du 1er novembre 1954 par le Front de Libération Nationale (FLN), symbolise la fin d’une époque : celle où la négociation semblait encore possible.
Du MTLD au FLN : la métamorphose d’un combat
Le MTLD, miné depuis des années par des divisions internes entre messalistes et centralistes, voyait son influence décliner. Pour de nombreux jeunes militants impatients, la dissolution du parti a sonné comme une ultime trahison du système colonial : la parole politique était désormais étouffée.
Belaïd, 24 ans, ancien militant du MTLD
Ces jeunes, convaincus que seule la force pouvait faire entendre la voix du peuple, rejoignent alors les rangs du Front de Libération Nationale, né dans la clandestinité.
Dans la nuit du 1er novembre 1954, le FLN frappe : attaques coordonnées dans les Aurès, en Kabylie, dans le Constantinois et à Alger.
Des commissariats, des dépôts militaires, des lignes téléphoniques et des bâtiments publics deviennent les premières cibles d’une guerre qui allait durer près de huit ans.
Parmi les premières victimes de cette nuit dite de la Toussaint rouge, se trouvent un couple d’instituteurs français, Guy et Jacqueline Monnerot, ainsi que le caïd Hadj Sadok, tué dans les gorges de Tighanimine.
Ce drame, largement relayé en métropole, ancre l’idée d’une rébellion violente, justifiant une réponse implacable de Paris.
La riposte française : « L’Algérie, c’est la France »
Face à ces événements, la réaction politique française ne tarde pas. Le ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, déclare sans détour :
L’Algérie, c’est la France… Et qui d’entre vous hésiterait à employer tous les moyens pour préserver la France ?
Ces mots marquent la fermeté d’une position qui va structurer la politique française pendant les premières années du conflit. Le président du Conseil, Pierre Mendès France, réaffirme quelques jours plus tard à l’Assemblée nationale la ligne officielle : aucune concession, aucune négociation.
À la volonté criminelle de quelques hommes doit répondre une répression sans faiblesse. (…) L’Algérie fait partie de la République, et jamais la France ne cédera sur ce principe fondamental.
Derrière cette rhétorique, un engrenage irréversible se met en place : d’un côté, un peuple qui se lève pour son indépendance ; de l’autre, un pouvoir déterminé à défendre son empire colonial. La dissolution du MTLD, censée freiner l’élan nationaliste, aura au contraire accéléré l’histoire.








