Sahara occidental : l’Algérie face à une résolution biaisée la constance d’un État qui refuse la compromission

Tournant diplomatique au Maghreb : le rôle stratégique de l’Algérie face à la résolution 2797 de l'Conseil de sécurité des Nations unies

La résolution 2797 adoptée le 31 octobre 2025 par le Conseil de sécurité de l’ONU sur la question du Sahara occidental a été saluée à Rabat comme une « victoire diplomatique ».

Mais derrière la rhétorique triomphale, cette décision révèle surtout une nouvelle dérive d’un système onusien où la légalité internationale se plie aux rapports de force.

Face à ce déséquilibre, l’Algérie, loin de céder, réaffirme une position de principe : celle du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Une résolution écrite sous influence

Adoptée par 11 voix pour et aucune contre, la résolution 2797 renouvelle le mandat de la MINURSO jusqu’en 2026 et désigne le plan d’autonomie marocain comme une « base crédible de négociation ».

Derrière la neutralité apparente du vocabulaire diplomatique, tout est dit : la voie du référendum d’autodétermination, pourtant inscrite noir sur blanc dans les résolutions fondatrices de 1991, est effacée.

L’Algérie a refusé d’endosser ce texte biaisé. L’ambassadeur Amar Ben Jamaa l’a déclaré sans détour devant le Conseil :

Ce texte organise un déséquilibre entre les deux parties, en privilégiant les ambitions territoriales de l’une tout en ignorant les aspirations légitimes du peuple sahraoui.

Une déclaration qui rompt avec la langue de bois diplomatique et rappelle la ligne constante d’Alger depuis 1975 : aucune solution ne saurait être durable sans consultation du peuple sahraoui lui-même.

L’Algérie ne plie pas : elle constate le glissement du système international

Il serait naïf de lire cette résolution comme un simple acte administratif. Elle illustre plutôt le recul du multilatéralisme face à des alliances d’intérêts, notamment entre les États-Unis, la France et le Maroc, où la stabilité régionale sert souvent de prétexte à la légitimation de l’annexion.


Ce glissement, Alger le constate avec lucidité. Mais constater ne veut pas dire consentir.

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Le ministère algérien des Affaires étrangères a rappelé dans un communiqué que

l’Algérie ne reconnaîtra jamais la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et continuera de défendre la cause sahraouie sur tous les plans.

Cette fermeté est tout sauf symbolique.

Elle s’inscrit dans une stratégie d’indépendance diplomatique celle d’un pays qui n’obéit pas aux injonctions, ni de Washington, ni de Paris.

Elle marque aussi la continuité d’une diplomatie fondée sur la légitimité historique : l’Algérie n’a jamais marchandé les causes de libération nationale.

Une manœuvre politique déguisée en compromis

Sous couvert de « réalisme », la résolution 2797 entérine de fait la position marocaine. Mais le réalisme, en diplomatie, n’est qu’une manière polie de nommer la capitulation des principes.


Car en acceptant l’idée que l’autonomie interne puisse se substituer à l’autodétermination, le Conseil de sécurité sape l’un des fondements mêmes du droit international.

On appelle cela le pragmatisme, mais en réalité, c’est un abandon déguisé des principes du droit international.
Radia, 35 ans, chercheuse en relations internationales

Les médias marocains ont célébré cette adoption comme « la consécration d’un demi-siècle d’efforts ». Pourtant, même certains observateurs neutres y voient une dérive préoccupante.

Un ancien diplomate de l’Union africaine, cité par El País, confiait :

Cette résolution consacre le fait que la diplomatie occidentale ne veut plus d’un référendum. Elle veut un statu quo sous contrôle.

L’Algérie, elle, refuse ce statu quo et continue de parler au nom d’un principe universel, celui du droit des peuples colonisés à la liberté.

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Imen Haouari

Écrit par Imen Haouari

Imen Haouari est journaliste indépendante spécialisée dans l’actualité tunisienne. Ses articles couvrent un large spectre allant de la politique nationale aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux qui façonnent le quotidien du pays.

Attachée à une information claire et vérifiée, elle met un point d’honneur à décrypter les faits avec rigueur et neutralité. Sa plume analytique éclaire les grands événements tunisiens tout en donnant une place centrale aux voix citoyennes et aux réalités locales.